Comment combiner bien-être, vieillissement de la population et contraintes socio-économiques ? En s'intéressant à la coopération homme-robot, explique Etienne Colle du laboratoire IBISC équipe Hands." Nos recherches visent le maintien à domicile des personnes en perte d'autonomie. La carte démographique de la France et de nombreux pays occidentaux se modifie constamment à la vue du vieillissement de la population. Les questions liées à la sécurité et à la santé de nos aînés constituent désormais un véritable challenge économique et social. Cela implique le développement de différentes aides techniques qui permettront de préserver le bien-être d'une population âgée croissante à un coût acceptable. Or le maintien à domicile est une alternative à l'hospitalisation qui répond à la tendance actuelle de réduction Ce qui fait l'intérêt d'un robot, c'est sa capacité à être mobile dans un environnement donné. Supposons qu'une personne âgée tombe chez elle, et qu'une alarme se déclenche pour prévenir un centre distant. Sans informations complémentaires, l'évaluation de la situation est très difficile. Mais si l'on dispose d'un robot équipé d'une caméra vidéo sur place, on peut se déplacer visuellement d'une pièce à une autre pour retrouver la personne, observer sa posture, entendre sa respiration, identifier le lieu... Des données que le SAMU utilisera pour affiner son diagnostic avant le déclenchement d'une intervention. Grâce à leur mobilité, les robots laissent envisager une télévigilance optimale. Notre démarche scientifique est fortement interdisciplinaire. Ainsi, les médecins nous aident à identifier les besoins en termes de santé, sans compter leurs retours sur nos expériences. D'autres disciplines sont également concernées, comme le traitement du signal, les capteurs, et les télécommunications, grâce auxquelles les signaux sont transmis via Internet jusqu'aux équipes soignantes. Enfin, dans notre laboratoire, nous nous focalisons sur les questions de contrôle-commande des robots, afin d'optimiser leur pilotage par les téléopérateurs. L'étape suivante sera de développer des robots plus autonomes, pour gagner un temps précieux lors d'une alerte. C'est un véritable challenge, car à l'heure actuelle, les prototypes sont testés dans des environnements édulcorés et peu réalistes. Mais en s'appuyant sur l'environnement de plus en plus communicant des habitats munis de capteurs domotiques ou physiologiques (pouls, chute...), nous comptons gagner en fiabilité. Des problèmes éthiques se posent également. Parce qu'ils voient tout et entendent tout, les robots sont de fait très intrusifs. La question de la confidentialité des données est essentielle.